L'Actualité de l'Emission
- Écrit par : Frédéric VOEGEL
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Lors sa venue il y a quelques semaines, Gilbert Gress était accompagné d'un ami de longue date. Spectateur du retour de son ami au Racing, André nous livre aujourd'hui à travers quelques chapitres un regard atterré de l'aventure qu'a vécu Gilbert Gress pendant quelques semaines, cet "été en enfer" en mode Racing Club de Strasbourg ... Si vous souhaitez réagir, utilisez le manu contact à votre disposition. Les autres chapitres sont à retrouvés dans la rubrique "Auditeurs" !
CHAPITRE 3
29 JUIN : Cohade, J.Fanchone, Traoré, Shereni, Szelesi, les meilleurs joueurs sont déjà partis. Bien avant le retour de Gress, le Racing dégraisse. Le technicien alsacien a de tout temps privilégié un effectif restreint et motivé plutôt que pléthorique comme Papin ou Furlan. Mais il a aussi demandé le renfort de trois ou quatre bons joueurs qu'il n'obtiendra jamais. Léon est au club depuis si longtemps qu'il fait partie des murs. Gilbert lui demande son avis sur les joueurs du club. «Je ne peux rien te dire, je ne les connais pas» répond l'ancien stoppeur. Dans les clubs sérieux, le recrutement débute en janvier. Le recruteur a du flair, un bon carnet d'adresses, effectue des kilomètres en voiture ou en train pour superviser, voir même «épier» les futures recrues. De cette façon, fin juin, les bonnes affaires sont toutes pliées. Au Racing, c'est le moment pour la cellule de recrutement du frangin Pierre et de Casoni de sortir de sa torpeur. Et pour cause. Depuis des mois, les frères Ginestet et Jean-Marc Furlan ne s'adressaient plus la parole, tout comme d'ailleurs les staffs techniques et médicaux, brouillés eux aussi. Quel guêpier! Le standard croule sous les appels de managers désireux de placer leurs poulains restés sur le carreau, des joueurs blessés ou sans passé ni avenir. Cependant, deux marocains seront recommandés par un intermédiaire suisse fiable. Gilbert voulait les tester au stage. Ils ne verront même pas le sol français, tant le club aura fait traîner (volontairement ?) l'obtention des visas. Par presse interposée, l'actionnaire majoritaire reprochera, entre autres, à Gress d'avoir refusé S. Grax. Ignorait-il que ce buteur qui a disputé en LI entre 2007 et 2009,en 24 matchs, aura réussi l'exploit de marquer 1 but! Pour la saison actuelle, le budget est passé de 20 à 12 millions, soit moins 40 %. En tenant compte des frais incompressibles que sont le centre de formation, les déplacements, la location du stade et le personnel administratif, la masse salariale de l'effectif pro, soit le moteur du club, est réduit de près de 70 %, ce qui est énorme. Imaginez un instant la réaction de l'actionnaire majoritaire si Gress avait pris ce joueur qui demandait un salaire annuel de 720.000 euros. Non, non, vous ne rêvez pas, il s'agit bien du salaire moyen d'un joueur de L1 Gress est de retour depuis 10 jours, Ginestet s'est mis en retrait du club. Cela ne l'empêche pas d'appeler Papin pour tenter de le faire revenir. Pendant ce temps, Specht répétera pour la énième fois à Gilbert: «l'en ai marre de lui, il est temps qu'il vende ses parts et se casse ». Quelle bande de faux-culs!
6 JUILLET : Le groupe est en stage de préparation à Amphion-les-Bains, station balnéaire de Haute-Savoie préconisée par Furlan, Gilbert aurait choisi en endroit près de Strasbourg. Dès leur arrivée, Bah, Gargorov et Marcos, handicapés par des problèmes physiques, ne peuvent pas s'entraîner. Or, en stage, la présence de joueurs dans l'incapacité de suivre le groupe est inutile, voire néfaste au groupe. Ils retourneront donc dès le lendemain à Strasbourg afin de bénéficier de soins auprès des médecins et soigneurs du club. Le lendemain, sans le journal l'Equipe, S. Keller des DN publie un article sur le stage intitulé «Gress les use déjà! Trois joueurs souffrant de soucis musculaire ont dû quitter le stage de préparation mené à un rythme intensif» écrit-il plus loin. C'est sans doute plus vendeur d'attaquer Gress et défendre les pleureuses plutôt que d'interroger des pros tels Cassard ou Lacour ou des jeunes Gueye et Ledy, qui ont pleinement conscience de progresser (sans jeu de mots), ou encore d'évoquer la bonne ambiance qui règne au stage. Mais chacun joue dans sa cour n'est-ce pas !
13 JUILLET : Le club a encore transféré Ducrocq, Dja Djedje et Paisley, tandis que JA. Fanchone, Marcos et Gargorov, appartenant au club, ne seraient pas retenus s'ils trouvaient preneur. Au retour de stage, Ducrocq critique dans la presse les méthodes à l'ancienne de l'entraîneur. Il en remettra une couche depuis le modeste club de Kavala en Grèce pour fustiger Gress et son ancestral schéma tactique du libero décroché. 50 ans d'expérience, une soixantaine de camps d'entraînements et une bonne centaine de matchs européens. Loin d'un football sclérosé, Gress demande un jeu de mouvement où tout le monde peut marquer. Exemples du seul Racing : en 79 Specht et Marx 7 buts - de 91 à 94 Leboeuf 33 buts - Cobos 92 7 buts. En 12 ans de carrière, le milieu de terrain Ducrocq a marque 3 buts. Et ce type joue les donneurs de leçons. Heureusement que le ridicule ne tue pas. D'autres tels Paisley, sont conviés par l'actionnaire majoritaire de médire l'entraineur s'il refuse de leur accorder le bon de sortie. « Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose ... »disait Beaumarchais. A trois semaines de la reprise, une seule recrue, Pichot. Et dire que l'entraîneur répète depuis un mois qu'une saison réussie se construit sur un recrutement judicieux et une bonne préparation d'avant saison.