Au bord des larmes début juin lors de l’annonce de la fin du statut pro au RCS, François Keller est revenu dans notre studio avec une énergie retrouvée. Celle qui doit permettre au club de remonter. Retro (le podcast de l'émission est indisponible, avec toutes nos excuses).

Un travail bénévole au cours de l’été

François Keller à gaucheMalgré la taille du chantier de reconstruction qu’attendait François Keller lors de sa prise de fonction à la tête de l’équipe première du Racing Club de Strasbourg, le frère de Marc s’est rebroussé les manches, comme les autres bénévoles, afin de monter rapidement une équipe compétitive capable de monter en CFA 2. Retour quelques semaines en arrière : « J’ai eu des contacts avec des clubs de Ligue 1 et Ligue 2 pour des postes d’adjoint. Mais devant la situation du club, il m’a été difficile de répondre à ces sollicitations et j’ai donc choisi de rester ici. Le projet de Frédéric Sitterlé m’a également plu. Vis à vis des gamins [ceux qui ont choisi de rester au RCS ndrl] je ne pouvais pas partir non plus. Ce qui s’est passé cet été a été terrible et je garde toujours ce sentiment d’avoir donné mes enfants au nouveau mari de mon ex-femme ! ». Si plus de 40 joueurs sont partis du centre, il garde néanmoins beaucoup de contact avec eux, « ils m’appellent régulièrement pour prendre des nouvelles et nous encourager dans notre projet, ça touche forcément ». En attendant la validation de son contrat, c’est bénévolement qu’il a construit son équipe, « à coup d’heures de téléphone à essayer de convaincre des joueurs ».

Même Benchenane a tout fait pour les convaincre

Après le temps des doutes et venu celui de la construction d’une nouvelle équipe qui voyait déjà sa préparation d’avant-saison tronquée par un calendrier et des décisions judiciaires tardives. Et puis il y a eu la décision de repartir « sainement » en CFA 2. « Ca n’a pas évident d’annoncer la décision aux joueurs avec qui ont été en contact. Pour certains, rien n’a changé, ils étaient heureux d’avoir des installations et un projet cohérent, même un étage plus bas. D’autres ont renoncé comme Fernander Kassaï […] dommage car il était polyvalent et pouvant jouer milieu défensif, défenseur central ou arrière latéral. Mais je respecte son choix. Je suis resté franc avec tous les joueurs en contact, en leur présentant la situation et le projet en cours. J’ai également essayé de leur montrer qu’ils feraient partis d’une nouvelle aventure avec pour ambition de retrouver le professionnalisme à terme et que dans une carrière, ça pourrait être plus sympa et enrichissant de monter progressivement les échelons que de faire plusieurs saisons à un même niveau ». Le discours est en tout cas passé avec des anciens pros comme Martin, Golliard ou Pinaud. C’est aussi les joueurs qui sont restés, comme Adel Benchenane, qui ont fait le reste, « j’ai demandé un jour à Adel ce qui pensait des joueurs à l’essai et il m’en a dit que du bien mais aussi qu’ils hésitaient encore vu la situation [mi août ndrl]. Je l’ai donc invité à les emmener place du Marché Gayot pour boire un verre entre eux, en lui donnant de quoi payer les conso. Le soir, il m’a appelé en me disant Coach, c’est bon, ils pensent rester. » Mission accomplie.

« Ma première nuitée tranquille depuis des semaines avant le match de Forbach »

Lors du match contre le FRHEst venu ensuite le temps des premières rencontres et toujours les doutes. Heureusement pour lui, la victoire convaincante (4/0) de ses joueurs à Forbach fera le reste pour celui qui avait passé enfin une nuit tranquille la veille, le signe peut être que le plus dur était derrière. Le match à la Meinau a aussi eu son rôle moteur dans la construction du groupe, « quelle ambiance ! ». Ceux qui l’ont suivi dans ce projet sont également venu pour ça car à Strasbourg, un match de CFA 2 à la Meinau ne sera jamais un match comme ailleurs. Il n’en oublie pas non plus de saluer tous ceux qui ont fait les déplacements et qui viennent soutenir ses joueurs car « il y aura des moments plus difficiles dans la saison, on va jouer un match de Coupe tous les week-ends contre des équipes qui auront tous la même idée : nous faire tomber ». Justement au sujet de la Coupe, il a indiqué « qu’il n‘y aura de rotation dans l’équipe type, hormis les blessures ou suspendus, car les gars ont envie de jouer, et un match par semaine ça se gère plus facilement ».

« Je peux entraîner en Ligue 1 au Racing »

La saison étant aujourd’hui lancée, il continue les essais, tout en « s’excusant auprès des joueurs qu’il n’a pas eu le temps de rappeler ou tester », et les prospections pour compléter un effectif à peine composé d’une trentaine de joueurs pour les deux équipes seniors. A ce titre, il s’est montré satisfait du retour de Pacho Donzelot « qui apportera au groupe son expérience et sa vivacité sur le terrain ». Il a également souligné la complexité à faire signer d’anciens pros compte-tenu des statuts fédéraux (à lire ici) mais que la porte était encore ouverte à certaines arrivées prévues budgétairement par l’actionnaire du club, Frédéric Sitterlé. François Keller va s’engager dans les prochains jours pour un CDD de 5 ans, preuve que le projet se jouera sur le long terme, jusqu’au retour dans les plus hautes divisions. « Je peux entraîner jusqu’en Ligue 1 avec le Racing, car comme Philippe Montanier à Boulogne, je peux suivre l’équipe que j’aurai emmené du statut amateur à professionnel. Par contre je ne peux pas pour le moment entraîner directement dans un autre club pro ». Ce qui laisse, espérons-le, entrevoir enfin un peu de stabiliser et de travail sur la durée dans le club strasbourgeois et surtout ailleurs qu’au centre de formation. Enfin dirons-nous.