La MM Arena du Mans en 2011, au moment de son inauguration (photo : JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP)

Le Mans, Sedan ou encore le Racing il y a maintenant deux ans : le journal 20 Minutes s'est penché sur les difficultés de ces clubs présents en Ligue 1 il y a quelques années et qui aujourd'hui ont ou vont toucher le fond. Début d'explications.


 

 

 

Le Mans, Sedan, Metz … Pourquoi autant de clubs de foot sont en péril ?

Depuis plusieurs années, d’anciens clubs phares de Ligue 1 connaissent de grosses difficultés financières …

Un déficit de 14,4 millions d’euros, une relégation administrative en Division Honneur et un stade de 25.000 places, payé 102 millions d’euros et inauguré il y a seulement deux ans, qui va bientôt sonner creux. C’est le scenario catastrophe que vit actuellement le club du Mans. Finies les années fastes où le MUC des Gervinho, De Melo et autres Romaric allait chercher une 9e place en Ligue 1 (2008). Depuis, le club n’en finit plus de dégringoler et d’accumuler les dettes.

Un cas loin d’être isolé dans le football français. Que ce soit Lens, Strasbourg, Metz, Nantes ou encore Sedan, ils sont nombreux ces dernières années à être tombés de très haut. Spécialiste de la restructuration des clubs en difficulté (Strasbourg, Lille, Nantes) Luc Dayan, qui s’apprête à quitter la présidence du RC Lens dans les prochaines heures, explique comment on tombe dans ce cercle infernal.

Luc Dayan : «Aujourd’hui, les déficits se comptent en dizaine de millions d’euros»

«Quand un club descend de L1 en L2, il perd du jour au lendemain près de 70 % de ses recettes. Par exemple, il  ne touche plus qu’un tiers des droits télé qu’il avait en Ligue 1. Et si les clubs ne remontent pas tout de suite, le déficit s’aggrave dès la deuxième saison et les montants ne peuvent plus être couverts par les actionnaires en place ce qui peut conduire rapidement au dépôt de bilan», explique le dirigeant. Et depuis quelques années, la situation ne fait qu’empirer. «Il y a une dizaine d’années, les déficits se situaient souvent entre deux et quatre millions d’euros et on pouvait réussir à les couvrir. C’est beaucoup plus compliqué aujourd’hui car ça se compte désormais en dizaine de millions d’euros. A cause notamment de l’augmentation des salaires et des clubs qui essaient de suivre cette surenchère alors qu’ils n’en ont pas forcément les moyens», poursuit Dayan.

Pour un ancien directeur sportif d’un club de L1, qui souhaite rester anonyme, «tous les cas ses ressemblent». Et tous ces clubs, selon lui, ont un point commun: «l’erreur de gestion humaine». Il poursuit: «Le football rend fou les dirigeants, ils se prennent pour d’autres quand ils sont arrivés tout en haut. Les problèmes financiers découlent d’erreurs grossières sur le plan sportif.»

Waldemar Kita : «Si je ne suis plus là, le club est mort»

Waldemar Kita aurait dépensé près de 90 millions d’€ depuis son arrivée à la tête du FC Nantes. Son club, qui vient de vivre quatre ans de Ligue 2, perdait certains mois selon le président-mécène, «jusqu’à 2 millions d’euros». Il livre son analyse: «Les résultats sportifs guident tout. Mais on est aussi prisonnier d’un système avec des salaires très élevés et des agents qui en demandent toujours plus.» Quand on l’interroge sur ce qui le pousse à rester, il s’emballe. « Mais heureusement que je suis resté pendant toutes ces années, sinon, là, le FC Nantes serait en DH. Si je pars, le club est mort.»

Pour la première fois, cet été, le club a affirmé ne pas vouloir faire de folies sur le marché et être très raisonnable au niveau des salaires. «Il faudrait être con pour ne pas avoir retenu les leçons. J’ai conscience d’avoir très mal utilisé mon argent. Sans les contrats de Klasnic ou Gravgaard [joueurs arrivés lors de la première remontée du FCN en 2008], j’aurais économisé beaucoup d’argent. J’étais persuadé que ça marcherait… » L’échec lui a coûté très cher, mais pas au point de se retrouver dans la situation des Manceaux.

François Launay et David Phelippeau