Été 1994, Alexsandr Mostovoï devient le premier joueur russe à signer au RC Strasbourg. Alors que l'arrêt Bosman n'avait pas encore révolutionné le monde du foot et que le football n'était pas encore si médiatisé, il était légitime de penser que l'arrivée d'un tel joueur se fasse dans une certaine anonymat.

A son arrivée, Mostovoï est déjà auréolé d'une bien belle réputation en URSS et dans son club du Spartak Moscou (avec un superbe parcours européen en 1990-1991 où l'équipe moscovite élimine le Naples de Maradona et le Real Madrid en C1). Ses matchs solides et sa régularité lui ont permis de découvrir la sélection nationale. L'année 1991 est marquée par la fin de l'ère soviétique et le meneur de jeu est tenté par découvrir le vieux continent. C'est au grand Benfica Lisbonne qu'il pose ses valises. Malheureusement, tout ne se passe pas comme prévu au Portugal. Mostovoï n'arrive pas à s'imposer, la faute à rude concurrence, notamment celle de Rui Costa et à un règlement qui interdit aux clubs d'aligner plus de trois joueurs étrangers.

Son arrivée en France

Le manque de temps de jeu aura raison de l'aventure portugaise de Mostovoï. Il est donc prêté à Caen en décembre 1993 avec un certain Daniel Jeandupeux comme entraîneur. Son talent indéniable permettra au club normand de se maintenir. On en revient donc à ce fameux été 1994. Caen ne peut pas se permettre de payer l'indemnité de transfert que Benfica demande + Jeandupeux nouvel entraîneur du Racing = Addition gagnante pour l'arrivée du russe en Alsace. Cette signature est le signe d'un RCS ambitieux qui veut se donner les moyens d'exister dans le championnat de France. Alexsandr Mostovoï resta deux saisons à Strasbourg. Un passage certes court, mais qui aura sublimé tous les amoureux du football en Alsace. La beauté de ses dribbles, sa technicité balle au pied, la précision de ses passes, de ses coups-francs, sa facilité à éliminer les adversaires font du russe le véritable chouchou de la Meinau et entérinent définitivement son surnom de "tsar". Il faisait marquer mais pouvait également s'occuper de finir le travail lui-même (Ce but contre Metz...).

Sa prestation de haute volée un soir d'avril 1995, et un but sur coup-franc auront permis à Strasbourg de battre l'invincible Nantais et sa série de 32 matchs sans défaite.

Malheureusement, d'un point de vue global, les saisons 94-95 et 95-96 sont décevantes pour le Racing. Malgré un effectif costaud sur le papier (Vencel, Djetou Leboeuf, Sauzée, Keller etc.) le club ne décolle pas au championnat et finit respectivement 10ème et 9ème. Les sommets se limiteront à une finale de Coupe de France en 1995 et à un parcours européen intéressant, stoppé par le Milan AC.

La perte du joueur le plus talentueux

L'été 1996 marque la fin d'une époque au Racing et de nombreux joueurs quittent le club dont Mostovoï au plus grand regret des supporters alsaciens. Parce qu'à l'époque le constat était simple : le Racing venait de perdre le joueur russe le plus talentueux de son époque. Un joueur qui pouvait à tout moment faire basculer un match, un joueur qui pouvait passer une nuit quasi blanche, dormir dans sa voiture sur le parking du stade et quand même humilier ses coéquipiers à l'entraînement au petit matin.

A la suite de son départ de Strasbourg, Mostovoï, signe en Espagne et plus précisément au Celta Vigo pour une dizaine de millions de francs. Un choix qui peut surprendre étant donné qu'il a été très sollicité par la Lazio, l'AS Roma et des grands clubs allemands. A Vigo, Mostovoï marque les esprits, pour ne pas changer, et sera très vite adoré des supporters. Il deviendra une véritable légende du club galicien où le natif de la région St-Petersbourg aura joué durant 8 saisons. Mais le club espagnol ne décollera pas et on ne pourra que regretter de ne pas avoir vu le tsar dans un très grand club européen (il aurait pu avoir cette chance en 2001 avec une offre de Liverpool qu'il a refusé).

Un diamant inexploité

En sélection nationale, encore une fois, son talent n'a pas été à la hauteur de la réalité. Mostovoï n'aura participé qu'à un match de Coupe du Monde en 1994 et il n'a pas été épargné par les conflits (comme lors de l'Euro 2004 où il a été exclu du groupe par son sélectionneur).

Sa carrière de joueur se finit en 2005 à Alavès où il n'aura quasiment pas joué. Ce 22 août 2018, Alexandr Mostovoï a fêté ses 50 ans. Il a été consultant à la télévision russe pour la coupe du Monde dans son pays et s'est trouvé une passion pour le Hockey sur glace depuis quelques années. Son fils, Sacha qu'il a eu avec sa femme rencontrée à Strasbourg, est également footballeur, au C.D Estepona (division inférieure espagnole).

Le revoir, le temps d'un moment, dans les travées de la Meinau, serait un bonheur immense pour tous les spectateurs qui ont eu la chance de voir cet artiste du ballon rond. Alexsander, on t'attend à Strasbourg : мы ждем вас в Страсбурге !