Par le biais d'un communiqué, les principales associations de supporters ont indiqué qu'elles feront une grève des encouragements pendant vingt minutes en seconde période afin d'éveiller les consciences sur la multiplicité des mesures prises envers les supporters. Les réactions n'ont pas tardé. Explications.

Afin de s'opposer à la « multiplication des mesures liberticides à l'encontre des supporters de football en France », la Fédération des Supporters du Racing, les Ultra Boys 90 et le Kop Ciel et Blanc ont indiqué par la voie d'un communiqué que le kop fera la grève des chants pendant 20 minutes ce samedi face à Monaco. Une décision qui ne passe pas forcément bien aux yeux de tous les supporters qui voient déjà dans cette décision une punition pour les Bleus. Ajoutez à cela que lors de la dernière initiative identique les hommes de Thierry Laurey avaient pris un but face à Bordeaux, vous avez ainsi une belle pagaille sur les réseaux sociaux à quelques jours du choc face à Monaco qui peut permettre aux Bleus de s'installer dans le haut du classement sous les yeux de Thierry Henry, le nouvel entraîneur de l'ASM.

Le cœur du problème

Comme l'indique le communiqué, ce qui inquiète fortement les associations est la multiplication des mesures restrictives envers les supporters. Le site de l'ANS, l'Association Nationale des Supporters, a fait les comptes. Lors de la saison 2011-2012, seuls 3 arrêtés avaient été publiés. En 2014-2015, cela est monté à 39 arrêtés. La saison suivante, on a dépassé les 210 arrêtés dès avril 2016. Une croissance de plus de 7000% en cinq ans, même si cette situation s'est notamment imposée par les attentats en France et la préparation de l’Euro 2016. Cette saison, la liste des arrêtés recensée par l'ANS est déjà longue :

  • Journée 2 : Strasbourg – Saint-Etienne et Nîmes – Marseille
  • Journée 3 : Montpellier – Saint-Etienne
  • Journée 4 : Lyon – Nice
  • Journée 6 : Metz – Lens (Ligue 2), Montpellier – Nice et Lyon – Marseille
  • Journée 7 : Toulouse – Saint-Etienne
  • Journée 8 : Nice – PSG (limitation) et Montpellier – Nîmes

Ce qui cristallise la situation

Si l’ANS est consciente des enjeux de sécurité et entend permettre aux Préfets d’assurer la sauvegarde de l’ordre public, elle note surtout les carences de dialogue entre supporters et autorités sur la gestion des déplacements, notamment. « L'ANS appelle cependant à recourir au dialogue qui, dans tout Etat de droit et régime démocratique, devrait être le premier réflexe. L’expérience a démontré que l’organisation d’un déplacement par le dialogue permet d’économiser les forces de l’ordre à mobiliser et permet la garantie de l’ordre public ». Aujourd'hui, la situation se résume à des restrictions voire interdictions, des arrêtés, des appels au tribunal et surtout beaucoup de frustration pour ceux qui veulent suivre leur équipe hors des bases.

Intérêt collectif contre situation locale

Dans leur communiqué, les associations strasbourgeoises reconnaissent « la situation privilégiée à Strasbourg » à la vue du peu de restrictions ces derniers mois (le kop est néanmoins sous le coup d'une fermeture de la tribune suite à l'usage d'engins pyrotechniques lors de la montée en 2017), et surtout grâce à des échanges permanents avec le club. Par cet acte, ils tiennent à se faire entendre, à se montrer solidaires des autres associations mais surtout de « prouver qu’un dialogue est possible, et surtout, que les supporters sont un acteur essentiel et indispensable du football ». En se montrant solidaires, les associations strasbourgeoises espèrent que cette méthode locale fera jurisprudence.

Forcément, les acteurs de ce Strasbourg / Monaco seront quelque peu déconcertés entre la 45e et la 65e quand le kop se sera tu (encore que pour les Monégasques habitués à l'affluence de Louis II ...). La majorité des craintes des supporters se focalisent sur la déstabilisation que subiront les Strasbourgeois habitués à avoir leur douzième homme avec eux. Charge aux Bleus de faire abstraction du contexte.

Enfin un dialogue ?

Il est bon de souligner également que cette action du kop strasbourgeois rentre dans le cadre d'une action nationale de toutes les associations sur les deux prochains week-ends (à chaque fois à domicile) pour éveiller les consciences sur le problème des supporters. Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin, dit le dicton. Par ces actions, l'ANS et toutes les associations espèrent marquer les esprits et enfin ouvrir la porte du dialogue afin de retrouver une certaine sérénité entre tous les acteurs du monde du ballon rond. En France aussi, on aimerait voir des images de tribunes pleines comme en Allemagne récemment ... mais le chemin est encore long et passera par cette grève samedi, seule solution pour une prise de conscience collective que les supporters sont des acteurs majeures et incontournables de l'ambiance dans les stades.