Après notre série d'interview des collectionneurs de maillot du Racing Club de Strasbourg, place aux portraits de quelques « groundhoppers » ! Avant de débuter cette interview, il est bon de rappeler le concept du « groundhopping », cette passion qui amène des supporters à voyager pour découvrir des ambiances des stades de football (et pas que) et de nouvelles enceintes sportives [en savoir plus].

Pour débuter cette série, nous allons à la rencontre du « spécialiste » local, recommandé par bon nombre de ses pairs, à savoir Mathieu.

Une petite présentation ?

Salut, moi c’est Mathieu, j’ai 30 ans. J’ai fait mon premier match à la Meinau en 2002, et je suis carté chez les UB90 depuis 2005 et trésorier de l’association depuis plusieurs années. A côté de ça, j’essaie de visiter un maximum de stades différents dans un maximum de pays.

D’où t’est venue la passion pour le Groundhopping ?

Tout a commencé par les matchs du Racing à l’extérieur avec les UB90. Un premier déplacement en 2005 à Nancy, 19 déplacements la saison suivante en Ligue 2 et un grand-chelem pour la dernière saison du Racing en Ligue 1 en 2007-2008 (20 déps). A côté de ça, grâce à nos amitiés allemandes (KSC & Hertha Berlin), j’ai commencé à pas mal visiter l’Allemagne (Dortmund - Berlin en 2006 comme premier match à l’étranger) et même l’Europe (Ljubljana - Berlin en 2008). Ensuite, avec les descentes successives du Racing dans les divisions inférieures, le fait de visiter chaque saison des stades différents m’a encore plus donné plus l’envie d’en découvrir de nouveaux.

Quand et comment a-t-elle commencée ?

Impossible de donner une date précise entre le passage de « je vais voir un match à l’étranger de temps en temps » et « je suis un Groundhopper », mais je dirais que tout a basculé courant de l’été 2012 avec un premier trip de quatre matchs en Autriche et Slovaquie avec un pote, et à peine rentré, un deuxième trip – seul cette fois-ci – de 4 matchs entre l’Allemagne, la Belgique et le Luxembourg.

Et finalement, combien de match depuis tes débuts ?

J’ai assisté à 894 matchs dont 478 pour le Racing (équipe I et II) et 416 en Groundhopping. J’ai visité 507 stades dans 48 pays différents, principalement dans la zone UEFA / Europe (42) mais aussi dans la zone AFC / Asie (6).

Forcément, il y a match original ou plus sympa (ambiance, cadre, accueil) que les autres dans le lots ?

La liste est trop longue et les critères trop nombreux (stade, ambiance, exotisme, qualité du jeu sur le terrain, intérêt sportif du match en lui-même etc.) pour pouvoir faire ressortir un seul match. Pour les ambiances les plus folles, je noterai sans hésiter les derbys à Belgrade (Etoile Rouge - Partizan) et à Gênes (Sampdoria - Genoa), faits deux fois chacun. Le match à Francfort cet été en Coupe d’Europe a également été incroyable ! Mais au final, je garde d’aussi bons souvenirs d’un match de troisième division à Carnikava en Lettonie où j’étais le seul spectateur, que d’un Chelsea - Manchester United à Wembley devant 86000 spectateurs.

Y a t'il des frustrations également parfois ?

Là aussi difficile de ne citer qu’un match, mais c’est vraiment frustrant quand on a des attentes particulières sur un match, qu’on fait des centaines de kms pour y assister, et qu’elles ne sont pas au rendez-vous. Que ce soit au niveau de l’ambiance (supporters en grève ou visiteurs interdits) ou au niveau du match (0-0 tout pourri alors que les équipes sur le terrain tournent en moyenne à 3 buts par match par exemple). Ma plus grosse frustration reste le fait de ne pas avoir réussi à voir de match en Palestine lors de mes deux voyages en Israël. La première fois en 2016, un match avait bien été repéré, mais malheureusement en arrivant devant le stade à Al-Ram, on se rend compte que les informations étaient mauvaises. Et cet été, aucun match prévu en Palestine avant ou après le match du Racing à Haïfa. Il faudra donc que je retente ma chance encore une fois.

Mais, il y en a bien un qui te restera à jamais dans ta mémoire ?

Ferencváros - Zalaegerszeg, 1er août 2009. Pourquoi ? Un de mes tout premiers match à l’étranger (hors KSC & Hertha Berlin) et une ambiance très spéciale. Pour résumer : arrivé avec un pote à Budapest après seize heures de trajet en bus Eurolines (!), direction le stade Albert Flórián pour assister au retour du Ferencváros, club historique hongrois, en première division après quelques saisons passées en D2 locale. Dès la sortie du métro, tout le monde est filmé par la police, et en voyant des mecs devant le stade qui font deux fois notre taille et pour certains avec des croix gammées tatouées ostensiblement, on comprend mieux pourquoi. Bienvenue en Europe de l’Est ! Et parce qu’à 19 ans on est encore un peu inconscient, on prend nos billets dans la même tribune qu’eux et on va même jusqu'à se présenter à leur table pour acheter du matos. Alors que ça aurait pu mal tourner pour nous, les mecs sont relativement curieux et sympas et finissent par nous payer des bières. En tribunes, grosse ambiance pour ce retour en D1 avec énormément de pyro !

Une ou des anecdotes ?

Il y a quasiment autant d’anecdotes que de matchs. Pour n’en citer qu’une seule : lors d’un trip en solo entre la Roumanie, la Moldavie et l’Ukraine, je me retrouve en Transnistrie (région autonomiste moldave contrôlée par la Russie) pour assister au match d’Europa League entre Tiraspol et Copenhague. Après une courte visite de la ville, je repère une péniche qui passe du son, et je décide de m’y poser boire une bière ou deux en attendant le match. Après m’être fait soustraire quelques roubles sans comprendre pourquoi, le bateau se met à prendre le large et à remonter le Dniestr. On doit être à trois heures du match, je ne sais pas du tout où va ce bateau, les serveurs font semblant de ne pas comprendre mes questions, et les autres passagers tournent tous à la vodka pure, il vaut mieux éviter d’aller leur parler. Pendant une seconde, l’idée de sauter à l’eau et nager jusqu’à la rive me traverse l’esprit mais la raison l’emporte. Au bout d’une demi-heure de navigation et de stress, le bateau fait enfin demi-tour et me ramène à destination à l’heure pour le match. Ouf !

Où peut-on te suivre dans cette incroyable passion ?

J’ai une page sur le site Racingstub avec la liste complète et une carte de tous les stades que j’ai visités. Toutes les photos des matchs sont publiées également sur ma page Instagram. J’avais aussi une page sur Facebook mais elle n’est plus mise à jour faute de temps.

Pour terminer, as-tu une photo qui illustre le mieux cette passion ?

Un stade oldschool dans les divisions amateurs tchèques, une bière et une Klobása accompagnée de moutarde, de raifort et d’un pain au cumin : tout ce que j’aime est réuni sur cette photo.