Pour la première fois depuis l'arrivée en décembre 2011 du milliardaire Dmitri Rybolovlev et de ses compères russes à la tête de l'AS Monaco, le club tremble. Habituellement, il fait beau sur le Rocher et la vie est aussi calme que son stade les jours de match. La stratégie du club de miser sur des jeunes prodiges pour les faire exploser à court terme, et les revendre au prix fort montre à présent ses limites après de nombreuses réussites (Kylian Mbappé, James Rodriguez, Fabinho, Thomas Lemar, Anthony Martial, Tiémoué Bakayoko...).

La fin de l'ère Jardim

Les renouvellements d'effectif subis par Leonardo Jardim, en place depuis 2014, ont finalement eu raison de lui sur la durée. Le technicien portugais avait pourtant fait des miracles jusqu'ici, capable de mener son équipe au titre de champion de France en 2017 et de la qualifier chaque saison pour la Ligue des Champions malgré des pertes considérables au sein de son effectif. Lors de la campagne 2016-2017, l'ASM atteint même les demi-finales de la plus prestigieuse Coupe d'Europe après avoir sorti Manchester City en huitièmes de finale, Dortmund en quarts de finale, avant de buter sur le froid réalisme de la Juventus en demies. Dans cette nouvelle saison, Leonardo Jardim a encore dû faire face aux départs puisque des joueurs cadres tels Lemar, Moutinho et Fabinho ont quitté le Rocher. Cette fois, il n'aura pas pu assumer ces changements. Que ce soit à Monaco ou ailleurs, tout le monde est reconnaissant du travail établi par le technicien portugais qui ne devrait pas avoir trop de mal à retrouver un club dans un futur proche.

Les raisons d'un début de saison raté : des cadres pas au rendez-vous

En plus des départs lors du mercato, certains joueurs présents à la Coupe du Monde ont manqué la reprise et sont revenus fatigués. Youri Tielemans qui a décroché la troisième place avec la sélection belge, est attendu au tournant pour sa seconde saison en Principauté. Même s'il n'a pas eu un statut de titulaire en Russie cet été, l'énergie laissée durant la compétition ne lui permet pas d'assumer son rôle de leader technique au milieu de terrain jusqu'à présent. Il en est de même pour le gardien Danijel Subasic, finaliste avec la Croatie, qui a seulement repris en match officiel il y a une dizaine de jours suite à la blessure de Diego Benaglio, son suppléant. Radamel Falcao et Kamil Glik ne sont pas au mieux non plus. Et puis, que dire d'Andrea Raggi et de Jemerson qui sont catastrophiques jusque-là ? Le premier des deux sera d'ailleurs absent samedi suite à un mauvais geste au dernier match face à Rennes sur lequel il a été expulsé. Seul Rony Lopes semble répondre aux attentes sur ce début de championnat. Mais une blessure aux ischios-jambiers l'éloigne des terrains depuis bientôt un mois et demi (il pourrait faire son retour face au Racing). Résultat, Monaco n'a remporté qu'un seul match cette saison.

Les jeunes prodiges moins bons que leurs prédécesseurs ?

Comme d'habitude, Monaco tente de sortir des prodiges pour réaliser de bonnes affaires en fin d'exercice. Jordi Mboula, passé par l'école Barça, est un candidat pour exploser cette saison au même titre que l'Italien Pietro Pellegri (17 ans seulement), Willem Geubbels (volé à Lyon et 17 ans aussi) ou encore Moussa Sylla (18 ans, formé au club). On ne parle là que des attaquants. Antonio Barreca (23 ans), Almamy Touré (22 ans), Benjamin Henrichs (21 ans), Jean-Eudes Aholou (24 ans), Aleksandr Golovin (22 ans), Samuel Grandsir (22 ans) et Sofiane Diop (18 ans) sont au coeur de ce processus bien connu dans l'Hexagone et même en Europe désormais. Le talent de ces joueurs est incontestable, mais ils sont peut-être trop nombreux à devoir être déjà au top niveau et les cadres sont trop peu nombreux à leurs côtés. Par conséquent, le rendement attendu de leur part est peut-être plus long que prévu à arriver, et cela semble logique avec le groupe actuel.

Et maintenant, un effet Thierry Henry ?

Pour sa première expérience comme entraîneur principal, l'enfant du pays n'est pas gâté. Même si on sait que l'ancien Gunner aime les challenges et a toujours su les relever au cours de sa carrière de joueur, sera-t-il capable de redonner confiance à une équipe en perdition ces dernières semaines ? On a souvent vu des sursauts d'orgueil lors de changements similaires dans d'autres clubs mais à terme, les équipes peuvent retomber dans leurs travers. "Titi" va certainement devoir secouer ses cadres pour espérer relancer la machine monégasque. Il part déjà avec certains avantages : connaître sur le bout des doigts des joueurs comme Tielemans et Chadli qu'il côtoyait en sélection belge. Avec Radamel Falcao, ils devraient parler le même langage entre buteurs sur le terrain. De plus, il arrive dans un environnement qui ne lui sera pas du tout étranger.

Et pour le Racing, cela change quelque chose dans la préparation de la rencontre ?

On sait bien que nos Bleus ont la fâcheuse habitude de relancer les équipes dans le dur. On l'a encore vu il y a quelques semaines avec Nantes. Face à Monaco, il ne faudra pas s'attendre à une partie de plaisir très clairement. Thierry Henry ne pourra pas compter sur ses internationaux une partie de la semaine et il lui sera compliqué de mettre des choses en place dès samedi, ce qui est un point positif pour les joueurs et les supporters du Racing. Néanmoins, cela ne changera pas grand chose pour Thierry Laurey dans sa préparation qu'il y ait Jardim ou Henry sur le banc. Les hommes de la Principauté viendront en Alsace avec la ferme intention de se relancer. En revanche, samedi, il y aura sûrement du monde à la Meinau et les projecteurs seront braqués sur le banc monégasque. Une pluie de journalistes inhabituelle à la Meinau est à prévoir et il ne faudra pas que cela perturbe les Alsaciens quelques heures avant le coup d'envoi. Une chose est sûre : le renouveau commence à Strasbourg pour Jean-Eudes Aholou et ses coéquipiers. Aux Bleus de répondre présent face au convalescent Monaco.